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Les TIT ont directement accompagné l'accélération de la spéculation financière internationale qui est l'un des traits remarquable de la mondialisation. L'informatique s'est largement répandu aussi bien dans le traitement des transactions que de l'information financière. Parallèlement, la mise en place des réseaux internationaux spécialisés[1] a doté les réseaux financiers mondiaux des moyens d'assurer continuité et synchronisation des opérations financières, permettant l'expression d'une interconnexion poussée des marchés.
Les TIT ont également partie liée avec l'internalisation/délocalisation de la production. L'informatique a tout à la fois accompagné et stimulé[2] la rationalisation capitaliste de l'appareil productif. Les machines de traitement de l'information ont ouvert de nouvelles perspectives de dépossession des savoir et savoir-faire des travailleurs en vue de leur incorporation dans l'outil de production et donc de leur appropriation par le capital. Sur ce plan précis, il est difficile d'estimer le pouvoir amplificateur des TIT dans la mondialisation de la production. D'une part, les TIT contribuent ainsi à déterritorialiser des productions plus sophistiquées. Mais, dans le même temps, elles contribuent à la sophistication des normes de production et de consommation.
Le développement des réseaux de données internationaux et de leurs opérateurs a fourni à ce modèle technico-organisationnel les moyens de son élasticité géographique. Encore convient-il de rappeler que le rapport entre modèle et réseau n'est pas strictement opérationnel, ni entretenu par une dynamique besoins/moyens. L'image même du " réseau " dont est imprégnée le modèle d'entreprise-étendue, concrétisation de l'" entreprise postmoderne ", est portée depuis des décennies par les secteurs de la communication et des TIT. Il s'agit donc plus d'une interaction que d'une simple subordination.
Mais les secteurs des TIT sont également, en eux-mêmes, des enjeux de la mondialisation. A ce titre, les formes prises par leur mondialisation sont largement déterminées par les stratégies d'acteurs. La diffusion des TIT à l'ensemble des domaines d'activité confère à ce secteur une place privilégiée. L'étroitesse du lien qui unit l'information à ses techniques de production et de distribution fait rejaillir sur les TIT une part de l'importance stratégique accordée à l'information en tant que pivot d'une " nouvelle " division internationale du travail. Le rôle moteur des États-Unis et le ralliement des pays du capitalisme central à leur offensive mondiale laisse peu de place à l'avènement du Nouvel ordre mondial de l'information et de la communication (Nomic) que revendiquaient les pays non-alignés voici 20 ans.
Au contraire, les recettes appliquées aux secteurs des TIT et le l'information font appels aux fonds de sauces désormais classiques de la mondialisation : abandon de souveraineté et déréglementation. Les TIT apportent leur contribution à l'accroissement des inégalités engendrées par cette mondialisation. Entre une société globale de l'information conçue comme une machine à dégrader les termes de l'échange - y compris vis-à-vis des secteurs les plus avancés du capitalisme périphérique -, et le rôle traditionnel occupé par la technique comme vecteur de diffusion-imposition des normes, l'espace nécessaire à l'appropriation est de plus en plus difficile à conquérir.
Reconnaître l'importance des terrains économiques et sociaux comme cadres de consommation du rapport entre TIT et mondialisation conduit à considérer leurs relations idéologiques et politiques. Le discours dominant sur les TIT (conceptuellement les " NTIC ") et la promotion de la mondialisation se renforcent mutuellement par la mise en résonance d'énoncés-miroirs. Le mythe de la neutralité économique et sociale des techniques fait écho à celui de la neutralité politique du capitalisme. L'utopie de la transparence et de la " rationalité économique " du marché regagne des couleurs sous les feux de l'utopie de la communication. La fatalité de l'innovation technique et l'inéluctabilité de la mondialisation se renvoient l'image d'une conception a-historique et méta-sociale de la société.
Théorisation de la rencontre des TIT et de la mondialisation, la Global Information Society alimente un projet où les droits fondamentaux sont désignés comme des entraves à la circulation des marchandises, et les droits nouveaux sont autant de moyens revendiqués par les firmes pour mieux s'approprier les hommes.
[1] Bien avant qu'on parle d'autoroutes de
l'information
[2] Tant par les possibilités techniques
ouvertes que part le modèle utopique de maîtrise rationnelle de
l'information véhiculée à travers d'idéologie de la
cybernétique.
Page réalisée par Asdrad TORRES
Dernière mise à jour : Jeu 13 juil 2000