Installer Kubuntu pour une novice


1. Introduction
1.1. Comment tout à commencé
1.2. Installer un système pour quelqu'unE
1.3. Les précautions
2. On y va
2.1. Choix de la distribution
2.2. Préparation de l'installation
2.3. L'installation proprement dite
3. Configuration
3.1. Le bureau intégré
3.2. Quelques compléments multimédia et bureautiques
3.3. La sécurité
3.3.1. Anti-virus
3.3.2. Anti-spam
3.3.3. Pare-feu
3.4. L'administration
3.5. Derniers ajustements

Résumé

Le but de cet article et de décrire l'installation d'un système complet et les choix de configuration pour des usages domestiques courants. L'installation doit être "livrable" en l'état, plaçant l'utilisatrice en situation d'autonomie d'utilisation.

1. Introduction

1.1. Comment tout à commencé

Coup de fil d'une copine : "mon ordi ne répond plus, je crois qu'il y a des virus". Comme c'est une bonne copine, j'essaie vaguement de la dépanner, mais je lui répète que ce qui lui arrive est normal. Window$ est un très mauvais système, instable et fragile. La réponse ne tarde pas à arriver "oui mais Linux, il faut être ingénieur pour pouvoir s'en servir"... J'adore cette réponse, surtout dans ce genre de situation... J'ai une réponse tout prête : "parce que là, tu as vraiment le sentiment que Window$ est un système simple dont tu sais te servir ?". Toute personne faisant preuve de bonne foi se rendra immédiatement compte de l'incohérence de ses propos.

Il m'a suffit de quelques minutes pour m'assurer qu'elle n'utilise aucune application propriétaire vitale et irremplaçable ni aucun périphérique trop méchamment incompatible avec Linux.

1.2. Installer un système pour quelqu'unE

Installer un système pour soi est une chose. On pourra toujours fignoler, ajouter le paquetage indispensable que l'on avait oublié, faire le réglage qui rend la vie simple. Là, il s'agissait de configurer la machine pour qu'elle puisse être "livrée" en l'état, tout en étant faisant le maximum pour l'utilisatrice ait une bonne expérience de Linux. Autrement dit simplicité ne devait pas être acquises au prix de restrictions d'utilisation. En discutant avec elle, je tentais de comprendre sa manière de travailler afin de savoir quel environnement de bureau lui conviendrait le mieux, avec quelle "suite" bureautique elle se sentirait plus familière... Le simple fait de pouvoir se poser ce genre de question, sans faire intervenir d'autre critère (prix, compatibilité, évolutivité...) montre l'invraisemblable liberté qu'apporte GNU-Linux, le logiciel et les formats libres. À force de les utiliser tous les jours on finirait presque par l'oublier. En effet, on ne posera jamais ces questions lorsqu'il s'agira de configurer un Window$ pour une utilisatrice domestique. On prendra ce qui était dans l'offre "bundle", on se laissera piéger par les versions d'essai (gratuite 3 mois, payantes cinq ans !) et l'on complétera par quelque promotion, s'il reste encore des besoins non couvert et un peu d'argent.

Il y a des personnes pour lesquelles il vaut mieux ne rien tenter. Si leur ordinateur est plus ou moins leur hobby, si elles passent leur temps à installer et désinstaller des logiciels plus ou moins crackés, à reformatter leur(s) disque(s) à réinstaller un système "neuf", leur enlever Window$ serait les priver d'un jouet. Certes, on peut également beaucoup jouer avec Linux mais, comme avec les enfants, il ne sert à rien d'obliger ceux qui préfèrent le papier d'emballage à jouer avec la voiture électrique qu'il contenait (et réciproquement). Bref, on est sur un registre où tous les arguments que l'on peut mobiliser en faveur de Linux sont sans valeur et sans impact.

Ma copine était à mille lieues de ça. Elle utilise son ordi pour les usages les plus courants : mail, tableur, traitement de texte, Web, "retouche" photo. Elle veut que "ça" "marche", vraiment, sans tous les pop-ups qui font ressembler son ordi à un arbre de Noël et dont elle est incapable de dire s'ils sont "de sa faute" ou pas. Ses besoins étant plus que raisonnables, j'avais décidé que je devrais parvenir à y répondre avec ce qui serait fourni en standard par la distribution retenue.

1.3. Les précautions

J'en ai touché deux mots, mais je reviens sur ce point. Il ne sert à rien de promettre la lune avec Linux, aussi vaut-il mieux s'assurer que le passage sous Linux ne sera pas synonyme de galère. Mieux vaut anticiper et annoncer la couleur : il peut y avoir des obstacles.

S'agissant d'un portable, il y a certains "rossignols" particulièrement réfractaires à Linux. Sans tomber dans l'extrême, les économiseurs d'énergie, les boutons de fonctions, les trackpads, les lecteurs multicartes, les chips wifi forment autant de pièges potentiels. L'absence du WiFi sur ce portable de 2003 fut un soulagement[1]. Du côté des périphériques, les risques sont également nombreux, même avec les plus communs (scanner ou imprimante). Les problèmes d'installation et de stabilité au fil des mises à jour sont loin d'être une exclusivité de Linux. Pour s'en convaincre, il suffit d'observer, même de loin, le bouillement des forums d'entraide des victimes de Window. Là encore, l'ascétisme informatique de mon utilisatrice sera un atout. Elle n'utilise qu'une imprimante (plutôt compatible) et une freebox (pas de scanner, d'imprimante multifonctions, d'appareil photo, d'organiseur...).

2. On y va

2.1. Choix de la distribution

L'ordi étant un x86, le choix est ouvert. Mais s'agissant d'un portable et d'une utilisatrice grand public, j'ai commencé par tester la dernière distribution vivace visant encore ce type de public : Ubuntu. La version 6.06 LTS s'avérera incapable de reconnaître la carte graphique de cette machine sortie trois ans plus tôt. Heureusement, une Knoppix 4.0.2 me rassurera à la fois sur Linux et sur la lignée Debian où s'inscrivent ces deux distributions. Je déciderai donc d'installer l'Ubuntu 6.10, pourtant fort critiquée lors de sa sortie (à deux mois de distance, j'espère que les gros défauts sont corrigés et ne serait pas déçuE).

L'autre avantage d'Ubuntu est de préserver la possibilité de choix entre les deux grands environnements de bureau : Gnome et KDE. Pourtant dans le cas qui m'occupe, mon choix en faveur de KDE était déjà fait. Pour une part, ce choix tient à ma propre familiarité avec cet environnement. Mais j'ai surtout voulu minimiser la désorientation d'une utilisatrice venant de Window$ ; ceci me conduira, en toute logique, à sélectionner les réglages Redmond de KDE. Pour une utilisatrice sans expérience informatique, j'aurais choisi Gnome que je trouve plus léger et par certains aspects, plus ergonomique... Des appréciations qu'il faut encore pondérer par la configuration dans lesquelles elles sont installées par les distributions.

L'ordi étant suffisamment puissant (Athlon XP-M 2000), je n'ai pas eu à faire appel à un bureau plus léger. Ce n'est pas tant qu'il faille les configurer, c'est surtout que je ne sais pas comment ils intégrent les menus déroulant d'applications installées/désinstallées[2].

Le dernier argument (dans l'énumération, non en importance) est l'existence d'une communauté d'utilisatrices francophones riche, dynamique et accueillante[3] pour les débutantes, fussent-elles chroniques. De ce point de vue, Ubuntu n'a rien à envier à des distribution bien installées, telles Mandriva.

2.2. Préparation de l'installation

Comme tout mono-système installé, Window$ s'est octroyé la totalité du disque. J'essaierai bien d'utiliser la fonction de redimensionnement de l'installeur Ubuntu, il jettera l'éponge. Je serai donc contrainte de faire de la place à la main, comme j'ai eu la bonne idée de le mémoriser dans un article. Cette fois-ci, Window$ s'obstinait à placer un "fichier indéplaçable" en fin de partition.

J'aurais pu enlever Window$, purement et simplement. L'installation aurait été plus simple. Mais je ne l'ai pas fait pour la bonne raison que je ne l'ai pas fait sur mon portable. Si j'ai laissé mon portable en multiboot, c'est que cela a une utilité qui dépasse les tests de compatibilité que je peux être conduitE à faire de temps en temps. Il y a des situations simples et communes dans lesquelles Window$ est irremplaçable[4]. Je ne vois donc pas de raison de priver cette utilisatrice de possibilités que j'ai conservé.

D'un autre côté, installer Linux en écrasant tout le reste, par "nécessité" me paraît être un contresens. Si Linux n'est pas plus respectueux des autres systèmes que ne le sont Window$ ou Mac OS[5], c'est gênant...

2.3. L'installation proprement dite

J'ai donc finalement installé la Kubuntu 6.10 à partir du CD alternate. L'installation s'est déroulée sans difficulté, l'ordi étant relié à un réseau local équipé d'un serveur DHCP. Les systèmes préinstallés ont été correctement détectés et ajoutés au menu de démarrage du multiboot.

Vue la maturité des installateurs, le principal problème de l'installation de vient pas (sauf pas de chance) de la distribution mais de l'accès à internet. Tout accès à internet filaire devrait se résumer à brancher un câble, sans rien avoir à configurer sur l'ordi. Si un fournisseur d'accès ne propose pas cette solution en standard, c'est une bonne raison de l'éliminer. Encore faut-il savoir identifier cette fonctionnalité...

3. Configuration

Distinguer au point où je le fais, installation et configuration, est un peu formel. En fait, lors de l'installation on configure énormément de choses. Symétriquement, la phase de configuration va demander énormément d'installations. De manière pratique, je trouve cependant pertinent de distinguer le moment où l'ordi est dépendant d'un système extérieur (sur CD, sur clé USB, en réseau) de celui où il devient autonome.

3.1. Le bureau intégré

Installer KDE sans profiter de l'intégration des applications, plug-in et utilitaire que propose ce bureau serait se priver d'un de ses atouts majeurs. Cela a un prix, en terme d'espace disque utilisé et il ma paraît judicieux que Kubuntu soit économe en espace disque, lors de l'installation.

J'ai donc configuré KDE de manière à ce qu'il offre un environnement francisé complet en matière de multimédia les plus courants (musique, lecture vidéo, images fixes) : juke box, album photo, retouche d'image, extracteur de chansons, encodeurs variés...

3.2. Quelques compléments multimédia et bureautiques

Pour le visionnage vidéo, j'ai ajouté VLC parce que c'est le plus universel et le plus simple que je connaisse, à ce niveau de fonctionnalité. Pour le montage vidéo, j'ai ajouté le paquetage de Kino, parfaitement suffisant pour de la vidéo domestique. Ces outils viennent s'ajouter à ceux que préinstalle Kubuntu, notamment Le Gimp et la suite bureautique OpenOffice.

Le disque étant vaste, j'ai également installé la suite KOffice qui non seulement est parfaitement intégrée à KDE mais de plus ne s'échine pas à copier la suite de Micro$oft, y compris dans ses pires travers. Poursuivant sur la voie de l'intégration, j'ai retenu Kmail pour le courrier, délaissant Thunderbird. J'ai néanmoins retenu Firefox, pour la compatibilité avec les sites Web, en parallèle à Konqueror dont l'intégration apporte internet, de manière transparente, sur le bureau.

3.3. La sécurité

3.3.1. Anti-virus

Ce n'est pas parce qu'on est insensible aux virus Window$ qu'il faut les propager. J'ai donc installé ClamAV et activé sa configuration automatique du logiciel de Kmail précédemment retenu. Ainsi, tous les fichiers reçus ou expédiés seront contrôlés. J'ai activé la mise à jour automatique de la base de virus mais pas celle du logiciel, me reposant pour cela sur la mise à jour des paquetages de Kubuntu.

3.3.2. Anti-spam

J'aurais volontiers installé Spamassassin mais j'ai renoncé pour deux raisons. Pour commencer, l'utilitaire d'installation standard de paquetages n'a rien trouvé pour l'installer. Mais j'ai également lu des informations alarmantes quant aux temps de réactions prohibitifs de Kmail, lors de son ouverture, lorsqu'il est couplé à Spamassassin. J'ai donc préféré me rabattre sur Bogofilter dont il semble qu'il coopère bien avec Kmail, justement... Au final, ne disposant pas du jeu d'apprentissage nécessaire pour configurer correctement le logiciel anti-spam (des archives de courriels de l'utilisatrice), je ne l'ai pas configuré. À suivre...

3.3.3. Pare-feu

S'agissant d'un portable, donc d'un ordi susceptible de se trouver relié à un réseau local mal fréquenté, l'installation d'un pare-feu m'a paru nécessaire. Kubuntu installe, par défaut, iptable/netfilter, mais il n'est pas raisonnable de programmer ce "monstre" à la main. Il fallait donc choisir une interface aussi conviviale que possible.

J'ai essayé Kmyfirewall qui proposait une interface relativement simple, tant que l'on souhaite faire des choses simples. Mais les tests n'ont pas été concluants, l'application semblant trop instable. Dommage. Je ne suis donc rabattuE sur Shorewall, un générateur de programmes iptable robuste et largement utilisé et maintenu. Son inconvénient tient à sa complexité de configuration. Encore fallait-il choisir une interface pour Shorewall, puisque ce dernier, s'il est bien une interface logicielle avec iptable, ne propose pas d'interface utilisatrice. Pour ce travail, je m'en suis remisE à Webmin (voir plus loin).

3.4. L'administration

Parmi les gros points noirs de GNU-Linux je trouve que l'absence d'un outil de configuration de l'ordinateur est l'un des plus gros handicaps. Des efforts ont été faits pour rendre cette absence moins pénalisante. Mais la multiplication des solutions partielles rend la situation plus confuse et illisible pour l'utilisatrice pour l'utilisatrice de base, malgré les avancées techniques. La floraison des panneaux de contrôle, des menus système, des utilitaires spécifiques rend le tout désarmant. Les éditeurs de distributions tentent de combler ce manque avec des outils maison (les panneaux de contrôle) pas toujours convainquant, jamais complets et, pire que tout, spécifiques à chaque distribution. Tout apprentissage de l'un d'entre eux est une perte de temps puisqu'on ne pourra par réutiliser les savoirs acquis, sur une autre distribution.

C'est pour toutes ces raisons que j'ai retenu Webmin, un serveur de configuration tournant sur toute version de Linux et se contentant d'un navigateur Web pour le piloter. De par sa conception modulaire, il permet également de configurer de nombreuses applications, dont Shorewall. Cerise sur le gâteau, sa technologie le rend automatiquement accessible en réseau ; un avantage de poids si l'on doit, un jour, intervenir à distance[6]...

Le seul inconvénient de Webmin est qu'il n'est plus suivi par la distribution Debian et donc, par voie de conséquence, par tous les Ubuntu(s)... Heureusement, les développeurs de Webmin mettent à disposition un paquetage, parfaitement adapté à Ubuntu, que l'utilisatrice installera par un outil graphique, sans difficulté.

Tant que j'y étais, j'ai également installé Usermin, un outil du même tonneau que Webmin qui permet à une utilisatrice d'accéder à son ordi par réseau pour consulter ses courriels, récupérer un fichier, etc... Pas forcément indispensable mais quand une utilisatrice novice découvre la souplesse du réseau, cela ne lui paraît ni plus ni moins exotique que le "montage" d'une périphérique USB et elle ne comprend plus pourquoi tous les ordis ne fonctionnement pas en réseau.

3.5. Derniers ajustements

Le système étant fonctionnel et exploitable, je me suis attardéE à quelques ajustements peu coûteux en temps mais susceptibles d'améliorer significativement l'expérience utilisatrice de Linux.

Les jeux de polices de caractères installés par Kubuntu comme par la plupart des distributions libres étant limité, j'ai profité de la présence de Window$ pour lui emprunter ses polices. Après tout, l'utilisatrice en a acquis le droit d'usage, bien qu'on ne lui ait jamais demandé son avis (vente forcée).

L'utilisatrice étant bilingue, j'ai ajouté les dictionnaires nécessaires. La disponibilité de dictionnaires libres, sur des formats libres, exploités par des logiciels libres, illustre la puissance du libre et la nécessité d'être présentE sur les trois fronts.

Enfin, la première impression est capitale. Or, avec un ordi en multiboot, le premier[7] écran vu par l'utilisatrice est celui du bootloader. J'ai donc pris soin de réduire au minimum le temps d'attente du GRUB et d'éliminer l'entrée correspondant à une partition constructeur, certes bootable et donc correctement détectée par l'installateur Kubuntu, mais inutilisable. J'ai renoncé à demander au GRUB d'afficher une image, pour éviter l'effet clignotement qui découle de la succession rapide d'images sans lien entre elles : image bios, image grub, image kubuntu...



[1] Devoir Blacklister le pilote reconnu pour lui substituer ndiswrapper et un pilote que l'on aura extrait, au forceps, d'un .exe n'est pas ce que j'appelle une installation standard.

[2] On n'est pas dans la configuration d'une salle informatique où tous les logiciels sont préinstallés !

[3] On regrettera simplement que dans cette communauté, où la majorité des utilisatrices sont des utilisateurs, il reste encore trop d'individus dont l'horizon relationnel avec des personnes d'un autre sexe-genre soit limité au niveau du slip (souvent virtuel)... Le logiciel libre n'a pas la vertu intrinsèque d'affranchir de leurs handicaps cyels qu'il attire.

[4] Malgré des heures à farfouiller sous le capot, je n'ai jamais réussi à faire se connecter simplement un ordi Linux quelconque, en WPA-PSK, sur un point d'accès ne broadcastant pas son uid. J'ai eu à faire fonctionner de vieux programmes qui n'ont pas d'équivalent sur Linux.

[5] Oui, Mac OS est encore plus pénible que Window$. Dans quelle chronologie et dans quel ordre des partitions configure-t-on un multiboot Mac OS9, Mac OSX, Linux ? Sans parler des redimensionner une partition Mac OS9...

[6] Ne pas oublier, dans ce cas, de prévoir un passage à travers le pare-feu.

[7] Après l'écran du Bios, qu'on ne "voit "plus tellement on s'y est habituéE...