Un ordi livré avec Windows XP est généralement configuré de telle manière qu'une installation directe de Linux est impossible. En effet, le disque dur de l'ordi, même s'il est loin d'être plein est intégralement alloué à Windows. On ne sait donc pas où installer Linux.
La technique qui permet de faire cohabiter plusieurs systèmes d'exploitation sur un même disque dur s'appelle le partitionnement. Elle consiste à diviser l'espace de stockage proposé par le disque en plusieurs sous-espaces cloisonnés : des partitions. Normalement, un disque est partitionné avant que l'on y installe quoi que ce soit. Ainsi, on peut créer une partition pour Windows, une pour Linux, une pour BSD, etc... Ensuite, on installe les différents systèmes dans les différents emplacement (partitions) que l'on a réservé pour eux, sur le disque.
Dans notre cas, nous nous retrouvons dans la situation délicate où il va falloir créer une nouvelle partition alors qu'il n'y a plus d'espace libre sur le disque. C'est une situation analogue à des situations que nous avons déjà rencontrées dans la vie courante. Après tout, un disque dur n'est qu'un espace de rangement et nous avons touTEs eu à gérer des espaces de rangement. Si l'on met à notre disposition exclusive un espace de rangement, nous aurons tôt fait de l'occuper en totalité. Cela ne signifie pas qu'il sera plein[1] mais exprime le fait que nous aurons "dispersé" nos affaires un peu partout. Si, par la suite, on nous demande de partager cet espace avec une autre personne, nous devrons regrouper toutes nos affaire dans une partie de l'espace afin de dégager un espace libre pour cette nouvelle arrivante.
Pour comprendre les opérations à effectuer, nous devons bien distinguer trois notions :
l'espace alloué (ou réservé),
l'espace occupé,
l'espace saturé.
Par exemple, une personne seule se voit allouer un 5 pièces et n'en occupe que 3. Tout l'espace alloué n'est pas nécessairement occupé. En pratique, il est rare que cela se produise. Une tendance à occuper tout l'espace conduira, par exemple, à faire d'une des pières restantes une chambre d'amis et de la dernière une sorte de placard-débarras-buanderie... Dans ce cas, bien que toutes les pièces soient, au final, occupées elles sont loin d'être pleines au point que l'on ne puisse plus rien y mettre. L'espace n'est pas saturé.
Suivant cette terminologie, notre situation est la suivante. La totalité du disque est alloué à Windows. Nous partons du principe que Windows à peu à peu occupé tout l'espace mais qu'il est loin de l'avoir saturé. Partitionner un disque, c'est allouer des parties du disques à différents usages.
Pour pouvoir partitionner le disque, il va falloir commencer par ranger le contenu de la partition initialement réservée à Windows. Le but sera de regrouper toutes les "affaires" de Windows en début de partition[2]. Tout l'espace est encore alloué à Windows mais vous allez réduire l'espace occupé par Windows. Vos affaires n'occupant plus qu'une partie de la partition, vous pourrez réduire la taille de l'espace réservé à Windows. Vous créez ainsi un espace libre, qui n'est alloué à personne. Si vous n'en faites rien, cet espace sera perdu. Dans cet espace libre vous allez créer une partition qui sera allouée à Linux. Votre disque sera alors organisé en deux partitions, l'une allouée à Windows, l'autre allouée à Linux. La partition Windows contient le système Windows et toutes les applications et documents qui y figuraient avant cette intervention. La partition Linux ne contient rien. Elle est allouée mais totalement inoccupée.
Il restera encore à installer Linux dans la partition qui lui est désormais réservée. Vous disposerez alors de deux systèmes, occupant chacun une partition. L'idéal serait de pouvoir passer d'un système à l'autre, exactement comme on passe d'une traitement de texte à navigateur Web. C'est malheureusement impossible. Lors du démarrage de l'ordi, il faudra choisir entre l'un des deux systèmes. Pour passer d'un système à l'autre, vous devrez redémarrer l'ordi...
Comment se fera le choix du système ? Pour le moment l'ordi ne vous propose pas de choix. Il démarre automatiquement sur Windows. Ne vous inquiétez pas, lorsque vous aurez installé Ubuntu-Linux, l'ordi démarrera différemment et vous proposera un menu où vous pourrez choisir le système avec lequel vous souhaitez travailler.
La première chose à faire est donc de ranger les affaires de Windows. Pour se mettre en conditions de pouvoir le faire, il suffit de démarrer l'ordi avec un compte ayant les droits d'administrateur Windows.
Si c'est un ordi personnel et que vous en êtes le seul utilisateur, vous disposez des droits d'administrateur, même si vous ne savez pas ce que cela signifie. Chouette !
Le titre de cette partie doit vous sembler abscons ! Le reste du sous-chapitre sera du même tonneau. Ne vous inquiétez pas, si vous suivez les indications, pas à pas, vous atteindrez l'objectif souhaité, même si vous ne comprenez pas ce que vous faites.
En deux mots, aussi propre et méticuleux que soit le rangement que vous fassiez, lorsqu'on arrête Windows, ce dernier à la mauvaise habitude de poser un fichier temporaire en plein milieu de l'espace que vous venez de dégager Quand on dit que ce système est une m...., ce n'est pas parce qu'on est énervéEs ;-) Il va falloir lui interdire de souiller l'espace que vous vous êtes donnéE du mal à dégager. Pour ce faire, le windosien aguerri vous dira qu'il "suffit" d'éditer la base de registres. Intuitif, n'est-ce pas ?
On commence par lancer l'éditeur de registres : Démarrer->Tous les programmes->Accessoires->Invite de commandes. La fenêtre suivante s'affiche :
Vous pouvez alors taper la commande qui lancera le programme regedit qui permet de modifier la base de registre. Dans la fenêtre, tapez regedit puis la touche "Entrée". Ceci provoque l'affichage de la fenêtre de travail de regedit.
Vous allez devoir ouvrir, les uns après les autres, les dossiers suivants : HKEY_LOVCAL_MACHINE
, SYSTEM
, CurrentControlSet
, Control
, Session Manager
, Memory Management
. Cliquez sur Memory Management
. Dans la partie droite de la fenêtre s'affiche une liste de registres. Double-cliquez sur ClearPageFileAtShutdown
. Une petite fenêtre apparaît et l'on voit s'y afficher la valeur de ce registre
:
Remplacez la valeur (numérique) "0" qu'il contient par la valeur "1". Cliquez sur "OK". Fermez l'éditeur de registres. Redémarrez l'ordi. Pourquoi faut-il redémarrer ? Parce que Windows est une m.... qui ne sait prendre en compte les modifications qu'après un redémarrage !
Il se peut que vous puissiez ranger le contenu de la partition allouée à Windows depuis Windows lui-même. Ce sera possible si votre disque est vaste, si Windows n'en utilise qu'une petite partie et si vos fichiers ne sont pas trop dispersés. Avant tout chose, procédez à la défragmentation de la partition grâce à l'utilitaire de même nom. Dans Windows, cette partition est figurée comme un volume, généralement le volume C:
. Affichez le Poste de travail
, faites un clic-droit sur le volume que vous voulez traiter, sélectionnez l'article de menu déroulant "Propriétés". Dans la fenêtre qui s'ouvre, sélectionnez l'onglet défragmentation
.
Lancez l'utilitaire de défragmentation :
Sélectionnez le volume C et demandez son analyse. Dans l'exemple, ici, on constate que Windows n'a pas trop éparpillé ses/nos affaires. C'est normal car il s'agit d'un ordi qui vient à peine d'être sorti de l'emballage. On voit l'espace vierge qui s'étend sur la droite. On constate que l'espace occupé est réparti en deux blocs, franchement sur la gauche (au début de la partition). On ne dispose pas d'une mesure exacte de l'espace occupé, pas plus que d'une règle nous permettant d'estimer précisément cet espace. Il va donc falloir faire une estimation "à la louche" en prenant une marge de sécurité. Dans le cas de l'exemple, c'est facile car le disque est d'une grande capacité et peu d'espace est utilisé. On peut donc prendre une grande marge de sécurité, sans trop se poser de question.
Si votre volume n'est pas aussi bien rangé qu'ici, vous allez devoir le défragmenter. Cette opération dégagera de l'espace sur la droite (en fin de partition). Mais elle ne tassera pas parfaitement tous vos fichiers sur la gauche. Faites l'essai et déterminez si vous pouvez (ou non) sauter l'étape suivante.
Si la défragmentation n'a pas suffisamment tassé vos fichier à gauche et donc pas dégagé un espace libre contigu suffisant pour Linux (à droite), vous devez passer par cette étape.
Commencez à installer Ubuntu, à partir du CD, sans vous préoccuper de ces histoires de partitions. Lorsque l'installateur vous pose la question du partitionnement, sélectionnez "revenir en arrière". Ceci provoque l'affichage de la liste des tâche d'installation. À ce moment là, appuyez simultanément sur les trois touches Ctrl-Alt-F2. Vous voyez alors disparaître l'interface graphique, votre écran vous affichant un terminal textuel... Ne paniquez pas ! Tapez la commande suivante (en supposant que Windows XP se trouve sur la première du disque) :
# ntfsresize -if /dev/hda1
Cette commande va analyser la partition Windows et vous indiquer de combien vous pourriez réduire la partition, si vous tassiez tout les fichiers en début de partition.
You might resize at 12789129216 bytes or 12790 MB (freeing 19210 MB).
Oui, c'est en anglais ! Les deux premiers nombres indiquent la taille minimale qu'il faut conserver pour la partition, si vous ne voulez perdre de données. Le troisième signale quel espace cela libérerait. Décidez combien vous voulez garder d'espace libre pour Windows, en plus de l'espace minimal indiqué. Vous pouvez alors demander à Ubuntu de tasser les fichiers. Il est recommandé de lancer la commande en mode essai,
ntfsresize -n -f -s 15360M /dev/hda1
Dans cet exemple, j'ai décidé de tout tasser dans les premiers 15360 Mo (15 Go) de la partition, libérant ainsi 3850 Mo (3,76 Go). Si le test est franchi avec succès, on lance la commande en mode effectif.
ntfsresize -f -s 15360M /dev/hda1
Notez la taille que vous avez choisie sur un papier. Une fois l'opération terminée[3], vous pouvez reprendre l'installation là où vous l'aviez laissée. Pour retrouver l'écran graphique d'installation, appuyez simultanément sur les trois touches Ctrl-Alt-F1. Reprenez l'installation à l'étape indiquée par le l'installateur.
L'installation d'Ubuntu suit alors son cours normal jusqu'au moment où l'installateur Ubuntu va vous demander vos choix de partitionnement.
Opter pour un partitionnement manuel. Vous voyez alors apparaître la liste des partitions disponibles. La première (parfois la seconde[4]) est du type ntfs. C'est la partition Windows qu'on a rangé à l'étape précédente. Choisissez cette partition et demandez à la redimensionner. Choisissez comme nouvelle taille un taille légèrement supérieure (200 Mo) à celle que vous avez indiquée à ntfsresize ou, à la louche si vous n'avez pas eu besoin de ntfsresize.
Inscrivez ce partitionnement sur le disque, en sélectionnant l'action explicite qui vous est proposée.
L'installateur Ubuntu va faire ce que vous lui demandez mais il se rendra compte que vous n'avez créé aucune partition pour y recevoir Linux. Revenez alors en arrière à l'étape de partitionnement, choisissez l'option "utiliser le plus grand espace libre" et laissez l'installateur Ubuntu créer les partitions nécessaires à l'installation. À partir de là, poursuivez l'installation comme si de rien n'était.
En fin d'installation, Ubuntu va vous signaler qu'il s'est rendu compte que votre ordi contenait un système Window$ et qu'il va installer le menu de démarrage (GRUB) vous permettant d'opter pour Window$ ou pour Linux. À la question abscons qu'il va vous poser, répondez "oui".
Lors du redémarrage de votre ordi, ce dernier devrait désormais vous afficher un menu des systèmes disponibles. Vous constatez qu'il y a bien d'autres possibilités que les deux options auxquelles vous vous attendiez (Linux et Window$). Heureusement, dans ce fouillis vous reconnaissez facilement Linux (qui est la première option de la liste) et Windows. Les autres options ne sont pas inutiles mais les présenter nous entraînerait au delà du cadre de cet article.
Si vous ne faites pas de choix explicite, au bout de quelques secondes, l'ordi démarrera automatiquement sur Ubuntu-Linux. Cela signifie simplement qu'Ubuntu est le choix par défaut. Pour modifier ce réglage comme tous ceux du menu de démarrage, reportez-vous à la documentation portant sur le GRUB
[5].
Le démarrage de Linux ne doit pas soulever de problème spécifique. Entendez par là que si l'installation s'est bien déroulée (pas de messages d'erreurs), les problèmes que vous pourriez rencontrer sont indépendants du fait que vous ayez installé Ubuntu-Linux à côté de Window$-XP. En clair, vos éventuelles difficultés seront celles que rencontre tout utilisateur de Linux.
C'est le moment de vérité. Redémarrez votre ordi. Dans le menu de démarrage, choisissez Window$ et croisez les doigts. Normalement, tout devrait bien se passer. Il est normal que Window$ demande à faire un contrôle d'intégrité du disque C:. Laissez-le faire, c'est-à-dire ne touchez à rien. Une fois le contrôle effectué, Window$ redémarre automatiquement l'ordi. Là encore, c'est normal. L'ordi affiche, de nouveau, le menu de démarrage. Re-sélectionnez Window$. Cette fois, Window$ devrait démarrer comme d'habitude. En cas de problème, essayez de démarrer en mode sans échec.
Si comme on peut l'espérer, tout s'est bien passé, n'oubliez pas ramener le registre ClearPageFileAtShutdown
à sa valeur initiale ("0"), en suivant exactement la même procédure que celle décrite précédemment. Si vous oubliez de le faire, Window$ fonctionnera tout à fait normalement mais le démarrage et l'extinction du Windows seront plus longs.
[1] Heureusement, car quand un espace est plein, on ne peut, par définition, plus rien y mettre.
[2] Pour comprendre les notion de début de partitions, il faut imaginer qu'une partition est une sorte de longue étagère unique. On regroupe tout à gauche de l'étagère.
[3] La durée dépend de la quantité de données à tasser. Ça peut donc être très rapide ou très long.
[4] La première étant une partition "constructeur" qu'il vaut mieux ne jamais toucher, même si vous décidez d'enlever Windows.
[5] Sur un système Linux, ces réglages se trouvent dans le fichier textuel /boot/grub/menu.lst.